Et si on changeait de regard sur nos jardins ?
Voici celui de notre ami Jean-Pierre PETTITI, cofondateur de la regrettée Gazette des Jardins, jardinier professionnel depuis 3 générations, qui “impose” à ses clients depuis 30 ans ses procédés respectueux de la nature : tailles minimales, broyage et mulchage sur place, etc.
Ses chantiers gérés de manière écologique font économiser des milliers d’euros d’arrosage à ses clients et des tonnes d’émissions de polluants à la planète.
Voici son regard amoureux sur la Nature :
« Un jardin c’est la vie !
Arrêtons de parler de “déchets verts”, ce terme impropre qui favorise les usines de traitement. Il n’y a pas de “déchets” dans un jardin ou dans la nature. Il suffit de ne plus utiliser le mot. Ce mot inventé par les entreprises agréées pour traiter les déchets.
Avant on parlait de branches, de feuilles, de foin, de paille, de coupes de gazon et tout cela servait dans notre jardin.
Un jardin c’est la vie, jardin de vie, c’est comme cela que l’on peut arriver à convaincre les personnes, je pense.
Toute action de taille coupe élagage plantation arrachage binage traitement terrassement bêchage etc… modifie, stresse, détruit, empoisonne, facilite ou casse un processus biologique, l’équilibre de la terre mère et de ses habitants (de la bactérie à la baleine).
Réfléchir avant d’agir nous faisons partie de la biodiversité et de la chaîne.
Pourquoi et dans quel but faisons-nous une action dans le jardin ?
Savez-vous que quand vous taillez une seule branche, vous entraînez une cascade de modifications profondes du processus biologique non seulement de l’arbre ou de l’arbuste, mais de son environnement aérien autant qu’interne et souterrain ?
Et le secret, pour moi, il est là… vivre en osmose avec les arbres, les fleurs, les légumes, les insectes, les oiseaux, les fourmis, la terre, les bactéries, les champignons etc. garder et regarder cet équilibre qui est quand on ne le casse pas. Écouter et entendre les plantes, la terre et les acteurs. Regarder les feuilles et les fleurs fleurir et grainer.
Pourquoi tailler tondre avant de comprendre ce qui se passe dans son jardin, où l’oiseau niche et se pose, se cache, ressort, où le lézard prend le soleil, puis la pose et part à fond, où la merlette va chercher ses vers pour ses petits, qui sont tous ces insectes butineurs innocents…
Et cet arbre que nous dit-il, que sa charpente est vieille, que certaines de ses branches sèchent parce qu’il n’en veut plus, trop vieilles, mal placées, gourmandes (tiens un mot qu’on connait) et qu’il faut l’alléger, le faire plus beau, l’aider et c’est alors qu’on a compris ce qu’il faut tailler avec un sécateur ou un couteau scie, que l’on peut le faire sans déséquilibrer le système total de sa vie à lui et du sol et de son entourage, car lui il fait attention à tout cela car il a besoin de tout cela pour vivre et se développer.
Nous avons exactement le même besoin que lui mais nous, nous faisons attention à rien c’est pour cela que nous arrivons à cette situation catastrophique. Prenons le même raisonnement pour toutes les actions tendant à modifier une situation naturelle et la conscience de la vie permettra à chacun petit à petit de limiter au maximum la production de taille.
Il restera alors juste assez de production pour réintégrer sur place ce que la nature en place produira d’elle-même et que l’on sera heureux de garder dans le jardin, il n’y en aura certainement pas assez.
Prenons la production de feuilles d’un arbre caduc, et bien il en fait juste assez pour lui-même, c’est facile à comprendre, il s’auto-alimente en théorie donc si c’est possible il faut laisser les feuilles autour de l’arbre pour que la décomposition fabrique tous les éléments dont il a besoin pour assimiler les oligoéléments qui sont dans la terre. Dans cette décomposition il y a les champignons et les bactéries qui rendent vivant le sol et le régénèrent. Si nous ne voulons pas les feuilles à terre, paillons les massifs de rosiers ou autres avec et si cela ne va pas allons au compost.
Faisons toute cette démarche avant d’atterrir au compostage qui est une valorisation intelligente mais si compliquée. »
Jean-Pierre Pettiti
Envie d’aller plus loin ? Voici la charte du jardinier éco-responsable qu’avait publié Jean Pierre dans la Gazette…